Coupe du monde de Footbal 1982

Bon voilà un petit moment que cette idée me trottait à l'esprit donc je me jette à l'eau. Tout simplement il s'agit de narrer un événement sportif majeur de manière objectif et subjectif. J'ai choisi ce Mondial-là car même si je n'avais que 9 ans à l'époque, j'ai pu regarder certains matchs et je pense qu'il s'agit de la coupe du monde qui a modifié en profondeur l'état d'esprit sur le petit monde du football.

Pourquoi l'Espagne a-t-elle été choisie comme nation organisatrice? D'abord, le roi Juan Carlos et son premier ministre de l'époque voulaient montrer une autre image de L'Espagne aux yeux du monde après sa sortie du franquisme. Ensuite, si l'Espagne a toujours eu de très grands résultats européens avec ses clubs, son équipe nationale n'a pas réussi à s'imposer hormis un titre de champion d'Europe en 1964. Ce mondial devait servir à mettre enfin au firmament planétaire cette grande place du foot.

En préliminaire, La France termine 2nd de son groupe de qualification derrière la Belgique mais devant l'Eire (à la différence de buts!!), les Pays-Bas (finalistes en 1974 et 1978!!) et Chypre. L'équipe façonnée par Michel Hidalgo en 1978 a fait ses preuves pendant ses éliminatoires en étant à la fois combattifs et géniaux.

Premier changement: 24 équipes qualifiées au lieu de 16 pour les précédentes. L'Afrique et l'Asie ont droit à 2 qualifiés au lieu d'un seul. Ensuite, un système de poule (6 poules de 4) puis les 2 premiers sont qualifiés pour une autre phase de poule. Cette fois-ci, il s'agit de 4 poules de 3. Chaque vainqueur se retrouve pour les demi-finales puis pour les finales. La victoire donnait 2 pts, un match nul 1 pt et la défaite 0 pt.

La 1ère phase fut celles des polémiques et des matchs scandaleux.
Commençons doucement par la poule de L'Italie. Sur les 6 matchs, une seule victoire, la Pologne écrasant le Pérou 5-1. L'Italie et le Cameroun terminent à égalité avec 3 nuls mais l'Italie devance le Cameroun à la meilleure attaque (2 buts contre 1) et voilà que surgit la fameuse polémique du verre à moitié vide ou à moitié plein. En fait, les spectateurs et les journalistes ont pris faits et causes pour les Camerounais qui apportaient une fraîcheur et une spontanéité bienvenue. Ci-dessous, l'attaquant Boniek en pleine action.

Mais le véritable scandale arriva avec la poule de la RFA. Lors de leur 1er match, les Allemands se font cueillir à froid par une belle équipe d'Algérie et perdent ce match 2-1. Ensuite, l'Algérie perd contre l'Autriche (0-2) avant de battre le Chili (3-2) alors que dans le même temps l'Autriche bat le Chili (1-0) et L'Allemagne en fait de même contre ces malheureux chiliens (4-1). Il ne reste donc que le match RFA-Autriche, l'Algérie ayant joué la veille, et une victoire 1-0 qualifiait et la RFA et l'Autriche. En moins de 10 minutes, l'Allemand Hrubesch marque et là passe à 10 pendant plus de 80 minutes. Des spectateurs ont sifflé, les Algériens ont parlé de match acheté, d'autres individus ont parlé d'accord tacite entre les 2 fédérations "teutones". Ces nations, suivi en cela par l'Italie, déclarèrent que les Pays d'Afrique progressaient mais qu'ils n'avaient pas encore un niveau suffisant et qu'ils devaient encore apprendre. D'autres ont même certifié qu'il s'agissait d'un coup de chance pour les Pays Africains et puis la coupe du monde est une affaire sérieuse et de spécialistes alors les mauvaises surprises ça va 5 minutes. Toujours est-il que la Fifa valida le résultat de ce match mais décida que les 2 derniers matchs de poule se joueraient en même temps. Elle félicita le Cameroun et l'Algérie pour leurs prestations. Dorénavant, on ne verrait plus les nations africaines comme de simple faire valoir.

Dans la poule 3, le match Hongrie-Salvador fut une parodie de football, les Magyars l'emportant par 10-1 contre les sud-américains. Ce match déclencha une vive polémique car les Argentins y firent un complot communiste visant à les éliminer dès le 1er tour, la Belgique complétant le tableau. Heureusement, les Argentins battirent les Hongrois 4-1 et se qualifièrent pour le tour suivant en compagnie des Belges.

La France se qualifia très difficilement. Pour leur entrée en matière, ils perdent contre les Anglais (1-3) à Bilbao dans la cathédrale de San Mames. Non content de nous battre, l'anglais Bryan Robson en profita pour marquer le but le plus rapide en coupe du monde (17 secondes) et remplaça dans les tablettes Bernard Lacombe (38 secondes contre l'Italie en 1978), ah ces anglais...Je me souviens du but égalisateur de Gérard Soler, le match avait lieu l'après-midi et de sa joie communicative. Ensuite, il y a eu ce fameux France-Koweit avec l'envahissement du terrain par l'émir mécontent de voir son équipe perdre 3-0!! Je me souviens de la grosse colère de Michel Hidalgo lui d'habitude si calme. Au final, les Français l'emportent 4-1. Lors du dernier match, la France fait match nul contre la Tchécosloaquie 1-1 et un sauvatage de la tête sur sa ligne de but de Manu Amoros à la suite d'un corner. Ouf!! La France se qualifie avec nos ennemis de toujours les Anglais.

Le pays hôte a fait pâle figure, 3 matchs nuls et l'Espagne se qualifie comme l'Italie au détriment de la Yougoslavie. La polémique viendra des journaux locaux critiquant l'entraîneur, les joueurs (ceux de Madrid peuvent-ils jouer avec ceux du Barça), leur style de jeu...

Enfin, emmené par Télé Santana, le Brésil devait faire oublier ses dernières prestations en coupe du monde proprement calamiteuse. Le verdict allait tombé et vite => 3 matchs, 3 victoires. Les Brésiliens pratiquaient le plus beau jeu et Zico devint le Pelé Blanc, surnom qu'il n'a jamais supporté.

Le second tour et nouvelle polémique. En fait, les organisateurs pensèrent que ce système de double poule était le plus juste. En fait, il se révéla gênant car avec 3 équipes par poule (d'où 3 matchs), toutes les équipes veulent jouer le dernier match. La Fifa décida d'abandonner cette idée et revint dès 1986 à des 1/8èmes de finales puis 1/4 de finale...etc

Dans la poule 1, les Polonais grâce à un triplé de Boniek ridiculise la Belgique d'entrée. Puis l'URSS bat la Belgique 1-0 et la Pologne se qualifia en faisant 0-0 contre l'URSS. Et là pas de polémique, pas de complot communiste, le pays satellite ne subissant pas la loi du pays maître... Boniek dribblant un sovietique:

Dans la poule 2, la RFA se qualfie proprement, 0-0 contre l'Angleterre et victoire contre l'Espagne 2-1. L'Espagne vs l'Angleterre:0-0

Dans la poule 3, L'Italie bat l'Argentine (2-1) et ensuite le Brésil fait de même, victoire 3-1. Le dernier match est donc un véritable quart de finale. Après un match de très haut niveau, les Italiens l'emportent 3-2 et se qualifient. On parla de la trop grande débauche offensive des Brésiliens pour expliquer leur élimination. En réalité, les Italiens ont su maîtrisé les véillités brésiliennes et leur catenaccio fut très amélioré. Du défenseur Cabrini, on disait pudiquement qu'il était dur sur l'homme. En fait, si le ballon passait, le type lui ne passait pas et tous les moyens étaient bons pour Cabrini pour empêcher tout attaquant d'évoluer offensivement. Ci-dessous Phalcao après le but égalisateur contre l'Italie.

Enfin dans la poule 4, la France opposé à l'Autriche pour le 1er match s'impose 1-0 grâce à un magnifique coup-franc de...Bernard Genghini!! Pour cette rencontre Michel Platini souffrant est laissé sur le banc. L'Irlande du Nord et l'Autriche se neutralise 2-2 et enfin les Français écrasent les Nord-Irlandais par 4-1 (2 buts de Giresse, 2 buts de Rocheteau). Ci-dessous les 2 capitaines, Michel Platini et Martin O'Neill:

Les demi-finales. Le match Pologne-Italie fut maîtrisé par les Transalpins, 2 buts de Paolo Rossi sont suffisant pour la qualification en finale.

Le match du siècle. Nous sommes le 08/07/1982 à Séville (Stade Sanchez Pizjuan) et j'ai le droit de regarder la 1ère mi-temps. J'ai vu le but de Littbarski dès la 17ème minute et l'égalisation de Michel Platini sur pénalty à la 26ème. Ensuite, c'est l'attentat de Schumacher contre Battiston à l'heure de jeu alors qu'il n'est en jeu que depuis 10 minutes. Cela reste le dernier scandale de cette compétition. Le gardien allemand n'a pas eu de carton pour cette action et l'arbitre n'a rien sifflé. Avec les exploits de certains défenseurs (je vous ai parlé de Cabrini mais il n'est pas le seul), la Fifa décida de durcir les sanctions et profita de chaque mondial pour donner des directives aux arbitres. Certes ce fut long et il y a encore beaucoup à changer néanmoins petit à petit cela évolue. Ce genre d'attentat ne reste plus impuni de nos jours et c'est très bien ainsi. Après le reste, pendant la prolongation c'est Giresse qui marque d'un superbe tir des 18 mètres et Trésor d'une somptueuse reprise qui aggrave la marque. Mais les Allemands en l'espace de 6 minutes reviennent à égalité. Ne jamais rien laché: cet état d'esprit les Allemands le reproduiront 4 ans plus tard pendant la finale contre l'Argentine. Puis la terrible épreuve des tirs au but. Six rate mais Stielike en fait de même 4-4 après les 5 premiers tireurs. 5-5 le suspsens continue, Bossis s'élance et le rate l'allemand lui transforme et c'est la fin du rêve. Bossis resta de longues minutes aggroupi se demandant ce qui lui arrivait. Les Français comme les Allemands terminèrent dans un état second. La joie d'un coté, la tristesse de l'autre. On critiqua Ettori, le gardien, d'être le principal fautif sur les buts. Il ne le méritait pas, il était tout simplement un peu tendre comme le reste de l'équipe pour un tel événement. Ci-dessous, Michel Platini goûtant les joies musclées d'un défenseur allemand.

Pour la petite finale, Michel Hidalgo mis les remplaçants pour qu'il participe à la fête. La France perd 3-2 contre la Pologne dans un match très animé mais finir 3ème ou 4ème après une telle demi-finale n'avait plus une grande importance.

En finale, l'Italie domine aisément la RFA 3-1. Beaucoup plus de fraîcheur chez les transalpins et ce fut le couronnement du catenaccio, la fameuse tactique chère aux italiens. Pour la 3ème fois de leur histoire, l'Italie remporte la coupe du monde.